Je vous avais présenté sur mon 1/2 mannequin la version miniature de cette tunique, voici enfin la version à taille réelle !

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Pour mémoire, j’avais réalisé sur mon buste miniature Stockman une tunique par la méthode du moulage.

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Cette expérience m’avait littéralement enthousiasmée et c’est donc tout naturellement que j’ai renouvelé l’expérience mais cette fois avec mon mannequin qui est à présent, je vous le rappelle, à mes mensurations personnelles (ou presque !).

Si ça vous intéresse de savoir comment je m’y suis prise, c’est dans cet article.

moulagePour réaliser ce moulage, je suis donc partie de la même inspiration vue sur Pinterest, à savoir ce modèle de la marque Vogue Patterns.

Seul le corsage me plaisait, la partie jupe a par conséquent été complètement revue. Il s’agit donc d’un haut ajusté à la base sans manches (mais comme vous pouvez le constatez, j’ai ajouté des manches 3/4), avec un décolleté croisé en V avec revers (façon cache-cœur). Des empiècements épaule sont prévus devant & dos ainsi que des découpes. La robe est cintrée à la taille. Pour le bas, j’ai préféré réaliser une basque légèrement évasée toute simple plutôt que cette jupe droite avec des poches italiennes.

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Comme pour mon précédent moulage, j’ai procédé par les mêmes étapes, à savoir l’analyse proportionnelle (donc déjà faite), puis le plan de moulage.

La pose des bolducs :

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Arrive ensuite le moulage en lui-même et le pointage du patron-toile.

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Quelques photos du moulage en cours (ce jour-là, je portais un chemisier Burda) :

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Pointage du patron-toile :

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Arrive ensuite le réglage du patron-toile à plat. Je ne vais pas revenir sur toutes ces étapes, mais si ça vous intéresse, c’est par ici !

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Ces étapes ont été rapides à effectuer puisque je les avais déjà faites quasi à l’identiques sur mon petit mannequin. Du coup, le moulage a été réalisé en deux temps trois mouvements, tout a été hyper rapide et fluide. Quel sacré gain de temps ! Par amusement, je me suis filmée durant toutes ces étapes pour voir combien de temps j’allais mettre. Et bien figurez-vous que le moulage du buste devant & dos + le pointage n’auront duré que 38 minutes ! Autant vous dire ce que ce fut hyper rapide, j’en suis la première surprise…

Ensuite, je me suis servie de ce patron-toile comme des pièces patron, que j’ai positionnées directement sur le tissu. J’ai donc coupé une toile entière, histoire de vérifier les lignes, d’apprécier le bien-aller et le rendu visuel de mon moulage sur mon mannequin mais aussi sur moi.

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Une fois toutes les pièces cousues les unes aux antres, arrive donc l’étape de l’essayage de la toile et là trop contente, c’était quasi nickel ! Deux trois choses à revoir mais en gros j’étais hyper satisfaite ! Au moment de la couture, j’ai dû déformer un peu l’un des deux pans du devant, du coup, ça baillait un peu. C’est donc un point qui a attiré ma vigilance par la suite…

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Avec la jupe-basque :

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Pour la partie jupe-basque, j’ai réalisé le patronage par la méthode très simplifiée de la coupe à plat, car c’était ainsi plus rapide à faire. Il s’agit en fait d’un simple rectangle que j’ai transformé selon cette méthode toute simple, celle du découpage, de l’évasement et du scotchage. Il s’agit ici d’une basque légèrement évasée d’une hauteur de 40 cm.

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Je suis donc vite passé à la coupe dans le tissu définitif. Dès le départ, je savais que je voulais coudre ma version non pas dans du chaîne & trame mais dans du Punta di milano qui est un tissu de type jersey plutôt épais, lourd et de belle tenue. C’est un tissu qui est donc extensible mais ferme, parfait donc pour mon projet de moulage. Celui-ci, je l’ai acheté chez Craftine : 15,34€ les 1m30. Il est composé de polyester, de viscose et de 5% spandex.

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Alors il est vrai que je prenais un petit risque en faisant mon moulage dans du chaîne & trame mais au final l’essai est plutôt concluant ! Alors certes, cette tunique n’est pas parfaite, il y a encore quelques petits défauts mais disons que pour un coup d’essai, j’en suis plutôt contente. Et puis l’avantage d’avoir cousu cette tunique dans ce jersey, c’est que du coup, je n’ai pas eu besoin de poser de zip invisible, je peux en effet enfiler cette tunique telle quelle !

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Comme vous pouvez le constater, j’ai ajouté des manches au corsage. Pour le patronage de celles-ci, je ne les ai faites ni par la technique du moulage (sur mon mannequin, ce n’est de toute façon pas possible) ni par la technique de la coupe à plat. Alors comment ai-je fait ? Et bien j’ai tout simplement mesuré les entournures et j’ai ensuite regardé quel patron de manches du commerce pouvait avoir plus ou moins les mêmes mesures afin que ça corresponde… Je ne suis pas allée chercher bien loin : j’ai pris les manches du t-shirt Plantain de Deer and Doe et c’est quasi nickel !

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En ce qui concerne la couture même de cette tunique, j’ai utilisé à la fois la machine à coudre et la surjeteuse. Certaines parties du vêtements sont doublés, histoire d’avoir de jolies finitions. Je pense notamment au revers du devant mais aussi des empiècements devant et dos. J’ai utilisé la méthode du fourreau, ce qui permet de n’avoir aucune couture apparente mais ça demande cependant une gymnastique intellectuelle pour y arriver ! J’aurais bien cogité sur ces assemblages !

A plat, côté extérieur :

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Gestion de l’encolure et des empiècements (cette photo est un petit rappel pour moi !) :

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Ces zones-là ont été assemblées à la machine à coudre au point droit grâce au fil Maraflex de Gutterman. Le fait de coudre à la machine : 1/ ça limite les épaisseurs (le point de surjet donne une épaisseur supplémentaire) 2/ ça permet de dégarnir et de cranter 3/ ça permet d’ouvrir les coutures au fer, ce qui n’est pas le cas avec le point de surjet 4 fils. Ce fils Maraflex, je l’ai acheté chez IDM Mercerie à Paris (12€ la bobine de 1 500 m) c’était en effet l’occasion de tester ce fil qui promettait une couture élastique sur du jersey avec un simple point droit…

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J’ai eu des difficultés pour trouver les bons réglages, la bonne aiguille… Quelques points sautés par ci par là… J’avais testé au préalable le fil Saraflex de Mettler mais l’essai ne fut pas du tout concluant.

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J’avais acheté trois bobines (3,80€ la bobine de 130 m) chez Makerist : soit 11,40€ les trois, les frais de port étaient offerts ce jour-là. Vous l’aurez compris, il est beaucoup plus rentable et donc plus intéressant financièrement d’acheter une bobine de 1500 m plutôt que 3 petites qui ne font au final que 390 m… Si mes calculs sont bons (nulle en maths je suis…), ça aurait coûté 45 € soit 12 bobines pour obtenir l’équivalent d’une seule bobine de Maraflex.

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Toujours est-il qu’il me fut impossible de coudre avec ce fil Seraflex qui se délitait au fur et à mesure de la couture, regardez plutôt :

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J’ai essayé avec toutes les aiguilles que j’avais (jersey, stretch, super stretch), à chaque fois avec une grosseur d’aiguille différente mais ça n’a jamais fonctionné, tout du moins avec ma machine… Allez savoir pourquoi ça fonctionne avec le Maraflex mais pas avec le Seraflex. La grosseur du fil est pourtant identique (épaisseur du fil : 120)…

J’ai tenté de mettre ces fils sur ma recouvreuse, et ô miracle ça a marché presque du premier coup alors que c’est une machine qui demande un minimum de réglages…

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Du coup, j’ai tenté l’expérience de réaliser l’ourlet des manches à la recouvreuse avec ces fils. La couture devrait donc être encore plus extensible que d’habitude, on verra bien. C’est vrai qu’au fil du temps et des lavages, le point de recouvrement finit parfois par lâcher… C’est comme tout, c’est un point qui a en effet ses limites.

Donc on verra bien dans le temps si la couture est plus solide qu’avec du classique fil de polyester. J’ai réalisé d’autres ourlets dans un autre jersey avec ce fil… Affaire à suivre…

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Comme j’ai vu que ce fil fonctionnait avec ma recouvreuse, je me suis donc dit que j’allais prendre l’aiguille de ma recouvreuse pour la mettre sur ma machine à coudre et banco ça fonctionne ! Donc, si vous avez une machine Pfaff et que vous voulez utiliser du fil Saraflex, faites un test avec cette aiguille :

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Pour en revenir au Maraflex, il est écrit que c’est un fil de polyester hautement élastique. Il permet de coudre du jersey en utilisant le point droit de la machine à coudre. Les surpiqûres ou coutures d’assemblages sont ainsi extensibles car le taux d’élasticité peut aller jusqu’à 80 % (le fil Seraflex, quant à lui, ne peut aller que jusqu’à 65 %) :

On peut utiliser le fil Maraflex pour le jersey mais pas que…

Pour que ça fonctionne, je précise qu’il faut également en mettre au niveau de la canette. Il est également indiqué qu’il faut coudre avec une tension de fil aussi faible que possible. Côté aiguille, il faut utiliser au choix soit une aiguille Jersey soit une aiguille Stretch soit une aiguille Super Stretch n°70-80 (épaisseur du fil : 120). Perso, je n’utilise que des aiguilles de la marque Schmetz.

Il est aussi écrit que la meilleure élasticité des coutures est obtenue avec quatre points par centimètre, c’est donc ce que j’ai fait. Sur ma machine, j’ai utilisé une aiguille super stretch taille 90 (parce que je n’avais pas les tailles 70-80), une longueur de point de 3,5 et une tension de 3. Après, y’a pas de secrets, il faut faire des essais sur des échantillons jusqu’à trouver les bons réglages car ça dépend aussi du tissu…

Verdict : oui le point est plus élastique qu’un traditionnel point droit mais ça reste un fil qui a ses limites. Quand on tire dessus assez fort, et bien ça craque ! Je suis donc un peu sceptique sur la solidité de ces coutures. Le point droit triple est à mon sens plus résistant. Pour les assemblages qui ne nécessitent pas trop de pressions ou de tiraillements, ça me semble bien (ourlets, surpiqûres décoratives) mais ça ne remplacera pas à mon sens l’assemblage à la surjeteuse dont la couture est je trouve plus élastique. Ça reste évidemment un avis tout à fait personnel.

Ceci dit, je me suis amusée à tester les différentes coutures sur un même échantillon et toutes ont fini par craquer (étirement très prononcé voire exagéré) que ce soit avec le fil Maraflex, le fil Seraflex, le point de surjet de la surjeteuse ou encore le point de recouvrement à la recouvreuse.

Bref… je ferme ici la parenthèse sur ces fils spéciaux.

Revenons à ma p’tite tunique… J’aime beaucoup le résultat final de cette tunique avec tous ses petits détails…

L’encolure en V croisée avec revers :

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Le revers est tout simplement marqué au fer puis plié côté extérieur (d’où l’importance d’avoir doublé cette pièce)

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Le bas du revers :

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Beaucoup d’épaisseurs à gérer à ce niveau-là…

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L’empiècement cranté du devant donne un charme tout particulier à ce modèle.

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Côté envers, voici ce que ça donne. Les empiècements étant doublés (technique du fourreau), tout le devant est ainsi pris en sandwich entre les deux épaisseurs :

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Au dos, j’ai opté pour une parementure :

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Elle aussi est prise en sandwich entre les deux empiècements :

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J’en profite pour vous montrer l’envers du corsage…

Côté devant :

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Comme vous pouvez le voir, il n’y a pas de coutures apparentes au niveau des découpes car les pièces ont été doublées et cousues par la méthode du fourreau.

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Côté dos :

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Au niveau des épaules (idem, pas de coutures apparentes) :

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La tunique est cintrée à la taille et pour la souligner, je porte ici une ceinture élastiquée :

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Les manches sont de longueur 3/4.

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Comme mentionné plus haut, l’ourlet a été réalisé à la recouvreuse (avec du fil Seraflex, pour tester) :

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J’ai réalisé cet ourlet à plat car le bas des manches est très étroit. Ce qui explique que les marges de couture soient visibles sur l’intérieur. Je les ai donc plaquées/fixées côté dos par quelques points à la main.

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Pour le bas de la jupe, j’ai délibérément laissé les bords à cru puisque l’une des particularités de ce jersey, c’est que les bords ne s’effilochent pas. Ça permet ainsi de ne pas alourdir le bas de la jupe : ça donne ainsi un tombé plus souple, plus aérien. Rien ne m’empêchera par la suite de faire un ourlet à la recouvreuse si je change d’avis…

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Pour info, j’ai rentré la chaînette du surjet dans la couture puis j’ai fixé le surplus de couture avec quelques points à la main pour que ça reste bien plaqué sur l’intérieur.

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Voilà pour cette tunique réalisée de A à Z, de l’idée d’inspiration à la réalisation… C’est un petit challenge personnel que je suis vraiment contente d’avoir relevé. C’est hyper encourageant et stimulant pour la suite de mes aventures patronesques & couturesques !

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