Une fois n’est pas coutume, j’ai cousu un pantalon pour homme…

Coudre pour soi c’est une chose, coudre pour les autres c’en est une autre… Comme vous le savez, je n’aime coudre que pour moi car coudre pour les autres, ça engendre chez moi une certaine dose de stress. Or la couture ça doit avant tout rester du plaisir, vous en conviendrez.. Mais il arrive parfois qu’il y ait quelques petites exceptions à la règle…

Ça faisait un moment que je voulais coudre un pantalon pour mon cher et tendre car il ne trouve hélas pas dans le commerce de pantalons qui lui conviennent et qui surtout soient à sa taille (et puis le shopping et mon mari, ça fait deux !). Monsieur ne rentre en effet pas dans les cases standards en terme de taille et de morphologie. Et puis il faut dire aussi que mon mari a ses exigences en terme de confort, de coupe, de style, de matière et autres menus détails…

Comme trouver le patron de pantalon idéal, ce n’est pas chose aisée, vous en conviendrez… Je me suis donc dit que j’allais partir d’une base simple dont la coupe se rapprocherait du style souhaité par mon cher & tendre. Ce patron me permettrait ensuite de procéder aux divers ajustements qui découleraient de ce premier pantalon. Pour ce qui est du patron, j’ai de suite pensé au pantalon Ulysse d’Urban Fairy car il cochait trois points cruciaux : la coupe, la taille et le confort.

Voici la description : « Ulysse est un pantalon confortable et rapide à coudre. Sa taille est élastiquée, l’élastique est glissé dans du bord côte pour un confort optimal. Les poches italiennes sont profondes et fonctionnelles, la fausse braguette apporte un côté esthétique et elle est facile à coudre. Vous pouvez utiliser une large gamme de tissus et mailles, selon votre choix il aura des allures de jogging ou de pantalon de costume ! »

Le schéma technique :

Il s’agit d’un patron PDF que j’ai acheté 10€. Parfois, ça vaut le coup de patienter car Elsa propose régulièrement des réductions (tous les patrons étaient par exemple à -50% il y a encore quelques jours !). Sachez que le PDF représente 27 pages A4 à scotcher/assembler (ou alors c’est 1 planche A0). Les marges de couture sont incluses mais attention car elles diffèrent d’un endroit à un autre. Ce que j’ai particulièrement apprécié (pour une fois !) c’est que les marges de couture soient de base à 1,5 cm, ce qui permet de faire des « ajustements de dernière minute si nécessaire » (ce qui a été mon cas !).

Côté tailles, ce patron est proposé de la taille XS à la taille 3XL, ce qui est fort appréciable. Je ne savais pas trop quelle taille de pantalon choisir alors j’ai comparé avec l’un des pantalons de mon mari : j’ai mesuré le tour de taille de celui-ci et j’ai vu que ça correspondait à peu près au tour de taille 2XL. Côté stature, ce patron est prévu pour une taille de 1m80. Mon mari mesure 1m76 mais je n’ai pas souhaité faire d’ajustements de stature bien que les instructions indiquent la procédure à suivre. A noter qu’il n’y a pas de tableau avec les mesures finies du vêtement.

Côté tissu, un large choix de matière est possible car tout dépend en fait du résultat souhaité : du chaine & trame pour un pantalon de ville ou du jersey pour un pantalon plus décontracté. Ce qui est important en revanche c’est le tissu de la ceinture car celle-ci doit impérativement être coupée dans un tissu extensible de type bord-côte ou jersey. Dans les instructions de montage, il est indiqué qu’il faut un taux d’élasticité de 60%, or dans la vidéo, Elsa indique 30%. Pour info, mon tissu a 40% d’élasticité environ et c’est tout bon. Sinon, il est possible aussi, je pense, de modifier la longueur de la pièce patron de la ceinture…

Ça fait un moment que je cherche un tissu de belle qualité qui soit du chaine & trame contenant de l’élasthanne. J’ai pour référence les pantalons de danse de mon mari qui sont Made In Italy. : 95% polyester et 5% élasthanne, un tissu de qualité qui résiste bien dans le temps : pas d’usure, pas de bouloche, pas de déformation (notamment au niveau des genoux)… Bref, si vous savez où je pourrais acheter ce genre de pépite, je suis preneuse…

Et puis, tout récemment, je suis rentrée dans un Mondial tissus dans lequel j’ai repéré ce scuba noir qui pouvait, je trouve, faire illusion… car visuellement il ne fait pas trop tissu de jogging. Il est d’un noir profond, légèrement satiné, ne se froisse pas et puis surtout il est extensible car il y a 5% d’élasthanne = confort assuré au porté ! J’ai donc acheté 2m50 de ce tissu (2 m auraient suffit mais dans le doute, j’ai préféré prendre plus et j’ai bien fait) soit 24,98€.

J’ai tout coupé dans ce tissu : les jambes, les poches mais aussi la ceinture et ça fonctionne car ce tissu a un taux d’élasticité d’env. 40%.

Dans la ceinture, il y a un élastique de 3 cm. Pour la longueur de celui-ci, Elsa dit que « la longueur dépend du confort et de la morphologie ». Perso, j’ai coupé un élastique de 105 cm, conformément à la mesure indiquée par Elsa pour la taille 2XL et ça convient. Pour ma part j’ai utilisé un élastique tissé, plat et souple qui ne se déforme pas quand on l’étire.

Le dos est simple, pas de poches et c’est très bien ainsi.

Pour accentuer l’aspect pantalon de ville, j’ai ajouté des passants afin que mon mari puisse le porter avec une ceinture.

Au devant il y a des poches italiennes (à noter qu’elles sont grandes, ce qui a agréablement surpris mon mari).

Plutôt qu’une surpiqûre, j’ai réalisé une sous-piqûre :

Sur l’envers, voici ce que ça donne :

La fausse braguette :

Elsa nous indique de réaliser un renfort (point zig-zag très serré qui permet de consolider la fin de la piqure). J’ai voulu en réaliser un second mais je regrette un peu car autant sur un jean c’est tout à fait approprié autant sur un pantalon de ville, ça l’est moins…

Voici l’envers du pantalon :

Pour le bas du pantalon, j’ai réalisé un ourlet de 3 cm au lieu des 2 cm préconisés (juste au cas où je dois le rallonger…) :

J’ai fait un point de chausson pour maintenir l’ourlet en place plutôt que de faire une surpiqûre.

Résultat des courses : pour une première tentative, c’est une réussite puisque aussitôt cousu, aussitôt porté par l’intéressé ! Le pantalon a même passé l’épreuve du thé dansant, c’est vous dire ! Les coutures n’ont pas craqué, Alléluia ! Côté confort et aisance, y’a pas de doute, c’est nickel. Côté style et coupe idem. Désolée je n’ai que deux seules photos du pantalon porté (mais c’est déjà un miracle de les avoir !). Pour voir le pantalon en mouvement, cliquez sur la photo ci-dessous !

Il faudra juste que j’affine deux trois petites choses et que je procède à quelques modifications et ajustements pour les prochains (parce que oui, il y en aura d’autres !) . Au premier essayage, j’ai donc d’emblée procéder à ces petites modifications :

• Le pantalon était trop long de 3 cm, j’ai donc ôté ces centimètres depuis le bas du pantalon
• J’ai légèrement élargi le bas du pantalon en cousant à 1 cm au lieu de 1,5 cm
• La fourche dos n’était pas assez longue, je l’ai donc décousue puis repiquée à 0,8 cm au lieu de 1,5 cm. Ça n’a pas réglé mon problème de fond, mais ça l’a tout du moins un peu arrangé.

Pour les prochains pantalons, voici les modifications que je prévois d’effectuer :

• Allonger et affiner la braguette pour la rendre plus esthétique
• Corriger l’enfourchure dos qui est trop courte d’au moins 5 cm et peut-être aussi la hauteur du montant car le constat est le suivant : le pantalon est un peu trop moulant au niveau des fesses et quand mon mari s’assoit, la ceinture se creuse au milieu dos. Pour y remédier, j’ai utilisé la fiche « ajustements » d’Ivanne Soufflet qu’elle propose pour le pantalon Saïki. Sachez par ailleurs qu’Elsa propose une formation Ajustements jupes et pantalons pour formes féminines. J’ai bien aimé les techniques proposées, je les ai trouvées super intéressantes (bien que pas encore testées). Elsa a le don de rendre tout si clair et si facile !

Ci-dessous, patronage modifié selon la technique d’Ivanne Soufflet :

• Allonger le haut du pantalon de 3 cm (c’est un peu trop taille basse selon les dires de mon mari : c’est une question de préférence et de bien-aller)
• Élargir le bas du pantalon pour une question de style et de préférence là encore (ce qui n’est pas la mienne, mais bon, ce n’est pas moi qui le porte ce pantalon…)

Côté niveau, ce patron est indiqué « facile ». Pas de difficultés majeures en effet. Les instructions de montage et la vidéo pas à pas proposée sur la chaine YouTube d’Elsa Couture sont complémentaires et permettent ainsi de coudre ce pantalon avec plus d’assurance.

Mon tissu Scuba étant plutôt épais, ça n’a toutefois pas été des plus évidents à coudre. Bien que mon tissu soit extensible, j »ai préféré tout assembler à la machine à coudre car je voulais faire des coutures ouvertes partout là où je pouvais, histoire de limiter les épaisseurs. Le plus « chaud » a été le moment où il a fallu assemblé la ceinture au pantalon…

Au niveau des coutures latérales, il y avait en effet de nombreuses épaisseurs de scuba à gérer (ceinture + passant + poche + coutures du haut du pantalon)… Mes machines ont été heureusement coopératives…

Pour coudre cette matière extensible à la machine à coudre, j’ai utilisé le classique point droit de ma machine + du fil Maraflex (c’est du fil élastique, j’en parle ici) + une aiguille surper Stretch de taille 90. Quelques points ont malgré tout sauté mais d’une manière générale, ça s’est plutôt bien passé.

Pour la finition des bords, j’ai utilisé, comme vous pouvez le voir, ma surjeteuse (bien que ce tissu ne s’effiloche pas), question d’esthétisme.

Au regard de mon tissu épais, j’ai réalisé des coutures ouvertes, même pour l’enfourchure :

Puisqu’on parle de l’enfourchure… la piqûre de celle-ci a été réalisée au point droit triple de ma machine à coudre avec du fil classique de polyester. Le point droit triple est en effet un point résistant, parfait pour les zones sur lesquelles on exerce des pressions ou des tiraillements.

Comme indiqué plus haut, je n’ai réalisé aucune surpiqûres (si ce n’est celles de la braguette), histoire de me faciliter les choses au regard de ce scuba plutôt épais. Le pantalon se coud aisément, il faut juste être concentrée et ne pas se tromper au niveau des marges de couture… J’ai pris en photo quelques étapes :

J’ai tout d’abord posé un droit-fil thermocollant sur l’entrée de poche, pour éviter que celle-ci ne se détende, ne se déforme avec le temps. Pour ce faire, on vient fixer au fer le ruban DF sur l’envers du tissu et à cheval sur la future ligne de couture qui est ici à 0,8 cm du bord.

On vient ensuite assembler la poche sur le pantalon. A noter au passage que cette pièce est particulièrement bien pensée. C’est d’ailleurs une technique qu’on retrouve ailleurs, je pense notamment au Ginger Jeans.

Comme indiqué plus haut, j’ai sous-piquée la poche :

On vient ensuite plier en deux la poche selon les crans indiqués.

On épingle, on coud, on surjette…

On réalise une piqûre de maintien sur le haut et sur le côté, histoire de fixer toutes les épaisseurs ensemble :

Arrive ensuite l’étape de la fausse braguette… Perso, j’ai tout surfilé  histoire de me faciliter les choses par la suite.

On superpose les deux jambes devant endroit contre endroit, on épingle puis on trace les marges de couture (ici 1,5 cm). On marque un repère à 6 cm avant la fin de la fourche :

Puis on coud du bord supérieur jusqu’au cran :

Sur l’endroit, voici ce qu’on obtient :

On superpose les deux crans indiqués puis on presse au fer la fausse braguette en veillant à ce que celle-ci soit positionnée du bon côté (Elsa le montre très bien dans sa vidéo).

Piqûre de maintien sur le bord supérieur pour maintenir la fausse braguette en place :

Sur l’envers, voici ce que j’obtiens :

A noter que j’ai cranté dans l’angle afin de pouvoir ouvrir par la suite les coutures :

Il ne reste plus qu’à effectuer la surpiqûre. Pour ce faire, il convient de tracer la future ligne de piqûre selon les indications donnée par Elsa dans la vidéo. C’est l’étape la plus délicate et minutieuse du patron… Il faut donc y aller doucement car cette piqûre sera forcément très visible !

Il reste ensuite plusieurs autres étapes à venir comme la couture des jambes et de la ceinture mais disons que le plus dur est fait ! Voilà pour ce patron Ulysse !