J’ai cousu un sac en cuir et c’est assez rare pour le souligner !
Cela faisait un moment que je lorgnais sur les patrons de Shamballa Bags, une marque relativement récente sur le « marché » et dont la designer vit en Colombie… Je me suis enfin lancée et j’en suis très contente. Pour cette première expérience, j’ai jeté mon dévolu sur le sac Paulette qui est sorti en novembre 2020.
Curieusement la créatrice ne propose aucune description de ses patrons. Voici donc la mienne : Paulette est un sac souple porté main ou épaule de taille moyenne (24 cm Hauteur x 35 cm Largeur x 10 cm Profondeur). Le sac se ferme sur le dessus par un zip. La bandoulière est maintenue sur les côtés par des anneaux mousquetons. La anse est particulièrement stylée de part ses œillets dans lesquels viennent s’entrelacer un lien. A l’intérieur, on retrouve une poche passepoilée zippée. Pas de schéma technique mais un joli visuel :
Vous pouvez voir ici une superbe galerie de photos du sac cousu pas d’autres personnes et c’est absolument magnifique, je suis littéralement sous le charme de chacune de ces versions !
J’ai acheté la version française du Sac Paulette de Shamballa Bags (existe aussi en anglais, allemand et en tchèque) au prix de $8 soit 6,84€, ce que je trouve tout à fait raisonnable. Par comparaison, Sacôtin propose ses patrons à 6,60€. D’ailleurs, avez-vous vu le dernier patron de Sacôtin qui est une trousse de toilette ?
La version avec la poignée latérale me plait beaucoup, je vais me l’acheter ce patron et le coudre, c’est certain !
Pour la petite anecdote, j’ai récupéré à Noël un pantalon en cuir que mon père ne portait plus et que mes parents comptaient mettre à la benne à recycler. Heureusement qu’ils ont eu un éclair de lucidité et qu’ils se sont rappelés que leur fille avait pour passion la couture ! Bref, j’ai récupéré ce pantalon en cuir de taille 44 qui m’a permis de le transformer en sac à main ! Il est marqué sur l’étiquette de ce pantalon « véritable cuir agneau Nappa », dont voici la définition (merci Google !) : « Le cuir nappa est un cuir lisse, de très bonne qualité, qui est imperméable et résistant au soleil. En surface de la peau d’agneau le cuir nappa a été traité pour le rendre plus souple qu’un cuir pleine fleur.«
Voici donc le pantalon avant transformation :
Au passage, remarquez les finitions avec tout l’intérieur du pantalon doublé : la classe !
Une fois la doublure retirée (comme j’ai pu…) :
Puis arrive la phase (petit coup de stress…) où je dois découper le pantalon (au plus près des coutures d’assemblage)… Je décide de ne pas découdre la couture des côtés, histoire d’obtenir plus de surface (grand bien m’en a pris…) :
Je peux vous dire qu’il ne reste pas grand chose de ce pantalon ! J’ai en effet essayer d’optimiser au mieux le placement des pièces du patron et je peux vous dire ça n’a clairement pas été évident…
Comme je n’avais pas assez de surface, j’ai positionné les pièces comme j’ai pu. Au final, j’ai donc les pièces principales devant et dos avec la couture d’assemblage latérale d’origine du pantalon :
Au final ça me plait bien cette couture centrale, on pourrait presque croire que c’est fait exprès :
Idem pour les pièces côtés : il y a des coutures d’assemblage… Par contre elles ne sont pas identiques mais cette asymétrie ne me dérange pas tant que ça…
Idem pour la anse, plusieurs coutures s’entrecroisent, mais impossible de faire autrement et de couper la anse d’un seul tenant… Ceci dit, ça ne se voit presque pas !
Pour le dessous du sac, pas de souci. Les coutures d’assemblage sont celles prévues dans le patronage :
Au passage, remarquez les deux plis au bas du sac qui viennent ajouter un charme supplémentaire :
Pour info, côté tissus, la créatrice nous propose différentes matières : cotons légers, jean, velours, jacquard, simili ou cuir. Côté métrage, il est indiqué de prendre 50 cm de tissu pour l’extérieur mais la laize n’est pas précisée, ce qui est un peu embêtant… Idem pour les autres matières :
Pour conserver la souplesse du sac, on nous conseille de n’entoiler que les côtés et le fond « pour donner du maintien au sac sur les côtés, tout en gardant de la souplesse et un look déstructuré ».
Ayant ici utilisé du cuir pour l’extérieur, j’ai donc entoilé toutes les pièces doublure et j’ai ajouté du molleton thermocollant pour les pièces côtés et fond. Pour info, il y a des pièces patron spécifiques pour le molleton, ce qui est un vrai plus (les pièces sont légèrement plus petites, histoire de limiter les épaisseurs lors de l’assemblage).
Ci-dessous vous voyez le sac côté doublure (avant assemblage au corps du sac) :
Côté difficulté, le sac Paulette est indiqué comme étant un niveau intermédiaire, ce que je confirme. Les instructions de montage sont claires et suffisamment illustrées de photos. Perso, je préfère les photos aux schémas, je trouve ça plus explicite, c’est donc nickel ! Une vidéo est également visible sur YouTube mais ne correspond pas tout à fait aux étapes décrites dans le livret. J’ai donc l’impression que cette vidéo n’émane pas directement de la marque mais plutôt d’une abonnée ou d’une testeuse. Ceci dit, la vidéo est très intéressante et nous permet ainsi de voir tout le processus couture.
Les marges de couture sont incluses dans les pièces du patron et sont de 6 mm (1/4”), sauf indications contraires. C’est un point que je n’ai pas trouvé très clair, notamment en ce qui concerne la gestion du passepoil.
En parlant de passepoil, comme vous pouvez le voir, je n’en ai pas mis (par manque de cuir). Certes, j’aurais pu prendre un passepoil en tissu du commerce mais j’avais peur que ça fasse un peu trop cheap…
Le sac se ferme sur le dessus par un zip :
J’ai ajouté au curseur du zip une tirette (cordon avec embout en plastique), acheté trois sous ici (attention au temps d’acheminement qui est très long) :
En ce qui concerne le zip, je ne connaissais pas la méthode proposée, j’étais donc contente d’apprendre de nouvelles choses. L’extrémité du zip est positionnée d’une certaine façon : le ruban est plié à angle droit mais les explications ne disent pas vraiment comment faire… Heureusement les photos du livret sont suffisamment explicites.
De l’autre côté, le ruban du zip est visible et fini par un embout métallique (pour cacher le surplus de l’extrémité du zip). Pas d’explications pour positionner cet embout, je me suis donc référée (encore et toujours) au tuto Sacôtin. Ceci dit, j’en avais déjà fixé un pour le sac Mambo.
Une fois le corps extérieur du sac cousu, on passe à la doublure. J’ai choisi ici un lin lamé argent que je gardais précieusement depuis 2016 et que j’avais acheté sur le site de la Mercerie des Créateurs à un prix tout de même élevé : 26,2€ le mètre. Heureusement, j’avais bénéficié à l’époque de -20% (soit 21 €/m). J’ai tout de même été hyper raisonnable car je n’en avais acheté que 20 cm !
Voici la doublure avant assemblage :
Pour la poche intérieure zippée, le livret nous renvoie sur des tutoriels disponibles en ligne sur le blog. Je l’ai ai regardés vite fait mais la méthode ne m’a pas plu. D’ailleurs, je n’aime pas trop le principe de n’avoir pas ni le patron ni les explications des poches dans le livret. Qu’on se le dise : je n’aime pas avoir à aller chercher l’info ailleurs… Bref… j’ai donc préféré rester sur la technique de Sacôtin que j’affectionne particulièrement et que je connais à présent par cœur. D’ailleurs, il y a un tuto en ligne sur le blog de Sacôtin, si vous ne connaissez pas la méthode.
J’ai également ajouté une poche plaquée compartimentée (non prévue dans le livret) et dont la méthode est également celle de Sacôtin.
Une fois que la doublure du sac est assemblée au corps extérieur du sac, on retourne le tout sur l’endroit grâce à une ouverture laissée dans la doublure. Pour info, je n’ai pas effectué de surpiqûres sur le haut du sac, j’avais en effet trop peur de ne pas obtenir une surpiqûre nette et régulière au regard des épaisseurs… Et oui, l’aiguille de la machine perce le cuir et laisse donc des trous/marques indélébiles ! Il ne faut donc surtout pas se louper…
J’ai donc tout simplement pressé au fer (sans vapeur) pour que la doublure reste bien positionnée sur l’intérieur. Là encore, je vous invite à aller voir le tuto de Sacôtin pour savoir comment presser au fer du similicuir, méthode qui nous permet de bien aplatir les coutures.
J’aime particulièrement la bandoulière avec ces œillets et ce lien entrelacé. C’est un détail absolument charmant !
Ce sont deux bandes qu’on vient assembler puis dont on vient replier les bords comme pour un biais. J’ai suivi les conseils et utilisé du ruban double face pour maintenir les bords pliés. Comme indiqué plus haut, j’ai coupé ma bande dans ce qu’il me restait de cuir, j’ai donc plusieurs coutures d’assemblage et donc des surépaisseurs… ça n’a pas pas été simple de coudre et de surpiquer cette anse…
Pour faciliter les choses, j’ai recoupé/dégarnis les surplus de couture comme sur la photo ci-dessous, ce qui permet un peu d’affiner…
Pour la surpiqûre, au regard des épaisseurs, je me suis aidée d’une cale pour que le pied presseur reste bien à plat :
Pour info, je n’ai fixé que 8 œillets (au lieu de 13 car je n’en avais pas assez) de 8mm de diamètre (au lieu de 1 cm) et au final, je préfère, c’est plus discret et donc plus élégant. J’ai eu du mal à les fixer du fait de l’épaisseur de cette anse… mais j’y suis quand même arrivée, ouf ! Un gabarit/guide est livré dans le livret, ce qui nous aide à positionner correctement les différents œillets sur notre anse.
Endroit :
Envers : on voit que j’ai utilisé des œillets de deux teintes différentes mais ça passe (ou comment faire ce qu’on peut avec ce qu’on a en stock…) :
Comme je n’avais plus de cuir, j’ai décidé, pour le lien à entrelacer, de couper une grande bande dans du simili-cuir galuchat (l’un de mes similis cuirs fétiches). J’ai effectué deux surpiqûres tout du long pour que les bords pliés du lien restent bien en place.
Une fois le laçage fait, il faut venir coller les embouts sur l’envers. J’ai utilisé ce que j’avais comme colle dans la trousse à outil de mon mari, à savoir une colle néoprène et ça a fait le job (mais à voir si ça tient dans le temps…) :
La bandoulière vient se positionner sur les pièces côtés du sac grâce à un anneau mousqueton. Nouveauté pour moi, je ne savais pas que ça existait !
J’ai d’ailleurs eu du mal à en trouver avec les bonnes dimensions… pour info, j’ai donc acheté les miens ici.
L’anneau passe par un passant. Pas évident de surpiquer toutes ces épaisseurs mais ça passe, ouf ! Comme conseillé, j’ai également fixé un rivet (toujours de la marque Prym) :
Pour coudre ce passant, comme on ne peut pas (d’une manière générale pour le cuir) utiliser d’épingles, j’ai utilisé à nouveau du ruban adhésif double face pour maintenir les épaisseurs ensemble :
Pour info, vous pouvez trouver ce ruban adhésif dans les merceries parisiennes Fil 2000 et IDM. Sinon, sur le site Décocuir. Plusieurs largeurs existent mais je vous conseille de choisir une largeur étroite (de 3 à 5mm, ici mon ruban est de 5mm). Pour éviter d’encrasser l’aiguille de la machine à coudre, je m’arrange pour positionner ce ruban adhésif dans les marges de couture et donc pas trop près de la future ligne de piqûre. Il existe aussi du ruban adhésif appelé wonder tape qui est hydrosoluble (qui disparait donc à l’eau). Par contre, il est bien plus cher que le ruban que je vous montre ici et il est, je pense, plus adapté pour le tissu que pour le cuir.
J’ai hésité à ajouter une bandoulière longue amovible car d’un manière générale je préfère porter mes sacs en travers du corps… Mais ma foi, cette anse fait tout de même bien le job !
Je n’y connais pas grand chose en matière de cuir mais voici ci-dessous quelques recommandations qui m’ont permis de mener à bien à ce projet. Faire des essais sur des échantillons est évidemment une étape indispensable car en fonction du cuir, de sa souplesse et de son épaisseur, tout peut varier…
– Aiguille spécial cuir taille 90 (Schmetz) pour l’assemblage du corps du sac et du zip
– Aiguille spécial cuir taille 120 (Schmetz) pour les surpiqûres et pour mieux gérer les épaisseurs (passants, anse…)
– Coutures d’assemblage : longueur du point droit = 3,5 ou 4
– Surpiqûres : longueur du point droit = 4,5
– J’ai utilisé du fil classique (polyester) mais il existe sûrement des fils plus appropriés et donc plus résistants…
– Utilisation d’un pied en Téflon pour faciliter le passage du cuir sous le pied de biche (sinon, le papier de soie peut aussi être une bonne alternative). Je n’ai pas eu besoin de modifier la pression du pied de biche mais ça reste un point à prendre en compte.
– L’utilisation d’un pied presseur double entrainement est conseillé. Perso, je n’en ai pas eu besoin : le système IDT étant intégré aux machines Pfaff, ce qui permet un meilleur entrainement du tissu (même si je ne trouve pas ça des plus révolutionnaires…). Pour info, je couds avec la Pfaff Performance 5.0, j’en parle notamment ici.
– La tension du fil étant automatique sur ma machine, la question ne s’est pas posée pour moi mais là aussi, ça reste à vérifier sur votre machine.
– Le ruban adhésif double face permet de pré-fixer certains assemblages (passants, lien, zip…), ça joue ainsi le rôle de bâti et/ou d’épinglage, ce que je trouve vraiment très utile.
– Utilisation de pinces (exit les épingles qui laisseraient des trous et qui donc fragiliseraient le cuir)
Si vous avez d’autres conseils et astuces, partagez-les en commentaire !
Comme vous l’avez constaté, j’ai orné mon sac d’un pompon à franges (non prévu dans le livret). Et oui, il me restait quelques chutes de ce cuir, il fallait donc que j’en fasse quelque chose !
Pour ce faire, j’ai donc suivi l’un des tutos vidéo que j’ai trouvé sur YouTube. Ce petit détail me plait bien et apporte un cachet supplémentaire à ce sac…
Pour compléter et finir les chutes de ce cuir, je me suis cousu un petit porte-monnaie (patron maison) :
Voilà pour cette expérience alliant cuir et recyclage ! Trop contente d’avoir relevé ce double défi !
Bravo magnifique travail de recup !!
Très belle réalisation !
Bravo !
Quel talent…
Bravo il a été sublimement fabriqué ce joli sac. Puis-je vous demander avec quelle machine vous avez pu coudre du cuir. Merci
Merci beaucoup pour votre message ! Je couds avec la Pfaff Performance 5.0, j’en parle notamment ici : https://sbcreationscouture.com/2019/06/26/mon-materiel-couture-autres/
J’adore le recyclage et tu as merveilleusement réussi celui-ci !!!
Bravo pour ta réalisation, qui est à la hauteur de toutes tes réalisations.
Belle journée Sandrine
Franchement bravo pour l’utilisation de ce pantalon de cuir, qui semble de très belle qualité, c’est une réussite.
Que de temps passé certainement sur tous ces détails. Je n’aurais pas ou plus la patience de mener à bien un tel projet. Chapeau bas
Superbe recyclage et j’aime lire tes articles toujours aussi détaillés et instructifs !
bravo je suis scotchée par cette belle réalisation
Le rendu est magnifique, et ce sac vous fera de l’usage.
Bonne soirée
C’est magnifique! J’aime bien l’idée de ce recyclage! C’est une très belle réalisation, pleine de détails et d’astuces! Longue vie à ce sac!
Extraordinaire ! Vous portez à votre bras le pantalon de votre père. Quelle magnifique transformation. Votre sac, avec son mignon porte-monnaie, sont superbes et… uniques au monde. Trop forte décidément.
Bravo Sandrine, c’est magnifique ! Tes parents apprécient aussi j’imagine…
Trop beau ce sac !! On voit tout de suite que c’est un beau cuir. Et j’adore le pompon ! J’aimerai bien me faire le même 😊 … mais je n’ai pas de vêtement en cuir à recycler sous la main ! 😁
Quel beau recyclage un travail minutieux et un article très détaillé Bravo
Super recyclage, visuellement on remarque tout de suite la qualité du cuir, il est superbe ! Ce sac super solide durera certainement bien plus qu’un en simili.
La doublure de teinte claire est un bon choix on trouve plus facilement ses affaires quand on « fourre » dans le sac ! Belle réussite !
Magnifique sac dans un superbe cuir. Cela n’a pas dû être simple de le coudre quand on sait qu’on ne peut redéfaire une couture sous peine de voir les trous de piqûre…Bravo.
Merciiiiiiiiiiiiii ! Vous êtes toutes absolument adorables !!!
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