J’ai eu le privilège d’assister à la visite guidée de l’exposition « Time Capsule », au cœur de la Galerie Louis Vuitton à Asnières !

La malle-wardrobe : la malle de voyage qui permet de transporter facilement l’intégralité de sa garde-robe !

La galerie a exceptionnellement ouvert ses portes au public chaque week-end du 27 avril au 2 juin 2019 et proposé des visites guidées (gratuites) d’une durée d’une heure. Autant vous dire que j’ai sauté sur l’occasion ! Je remercie vivement @flotsanddots qui en a parlé via Instagram et qui m’a du coup permis de vite réserver ma place !

Cette galerie (située au 18 rue Louis Vuitton à Asnières) est à la fois un espace d’exposition mais aussi et surtout un atelier toujours en activité qui gère et crée les commandes dites spéciales. Elle a également été la résidence de la famille Vuitton jusqu’en 1964. Aujourd’hui, elle est transformée en musée privé : une demeure du XIX ^e siècle de style art déco :

Vous n’êtes pas sans savoir que Louis Vuitton est une marque de luxe internationale qui brasse chaque année plusieurs milliards… Mais ici, la guide a mis un point d’honneur à nous parler avant tout de l’histoire de cette famille qui, de génération en génération, a fait prospéré la marque : chaque héritier a ainsi appris le métier de malletier et de maroquinier, c’était la tradition familiale. Actuellement c’est Patrick-Louis Vuitton, l’arrière petit-fils, qui est le responsable des commandes spéciales.

Les trois générations : Louis (assis, cheveux blancs), Georges (à gauche de Louis) et Gaston (sur la malle-lit) avec les ouvriers d’Asnières en 1888 :

Voici donc un résumé de cette fabuleuse histoire familiale…
Le jeune Louis, alors âgé de 14 ans, décide de quitter son jura natal pour rejoindre à pied la capitale (il mettra 2 ans pour parcourir les 400 km parce qu’il avait besoin de trouver des petits boulots pour financer son voyage) avec pour objectif d’apprendre à Paris le métier de Malletier.

Apprenti très doué, il est alors vite remarqué et devient notamment l’emballeur favori de l’impératrice Eugénie : faire les bagages c’est tout un art et Louis en était expert !

Louis invente la malle plate qui est bien plus pratique que les traditionnelles malles aux couvercles bombés car elle s’empile bien plus facilement.
Deux ans plus tard, en 1854, Louis Vuitton ouvre un premier magasin, rue Neuve des Capucines à Paris. Le succès est immédiat ! En 1859, la marque s’agrandit et transfère son atelier à Asnières. Le tourisme, les progrès technologiques et les nouveaux modes de transport prennent une sacrée grande importante et Louis comprend alors rapidement « qu’il faut créer des bagages novateurs et de grande qualité : luxe, fonctionnalité, innovation ».

Dans les années 1870, la marque s’exporte à l’étranger et dès 1888, les premières contrefaçons se développent ! Et oui, ça ne date pas d’hier !
La marque crée donc un nouvel imprimé de damier beige et brun avec l’inscription « Marque Louis Vuitton déposée ».

En 1892 Louis décède et c’est son fils Georges qui reprend la maison.
En 1896, en hommage à son père et inspiré (il semblerait) par les carreaux de faience de la cuisine de la maison familiale d’Asnières, il crée la célèbre toile « Monogramme LV » dont il fait l’emblème de la marque : les premières étaient tissées, puis imprimées au pochoir, puis imprimées à la sérigraphie pour devenir la toile d’aujourd’hui.

C’est en 1959 que Gaston-Louis Vuitton et son fils Claude-Louis, mettent au point une nouvelle toile enduite souple à base de lin, de coton et de PVC.

En 1989, le célèbre homme d’affaire B. Arnault reprend la marque et décide d’élargir et de diversifier les produits Louis Vuitton. Naissent ainsi des collections de prêt-à-porter, des chaussures, de l’horlogerie, du parfum…

Voilà pour la petite histoire, je vous montre à présent une sélection des pièces qui m’ont particulièrement marquée.

La malle haute en toile gris Trianon (1882) : l’une des premières !

La Malle-lit pour explorateur (1885) en toile rayée, n’est-ce pas absolument fabuleux et ingénieux ?!

La Malle tout en aluminium (1892), hyper rarissime. L’aluminium était à l’époque un métal précieux.

Le sac steamer en toile de coton, cuit et laiton (1901) destiné à recevoir le linge sale durant les traversées en bateau à vapeur. C’est le premier sac souple de Louis Vuitton.

Le sac steamer revisité (2019) !

La malle-secrétaire :

Le sac chauffeur (celui tout au fond date de 1910) qui permet de transporter tout le nécessaire d’un trajet en automobile (notamment pour ranger une roue…) puis se transforme en boîte à chapeaux :

Ce modèle est réinterprété au fil des ans ! Ci-dessous la version miniature (2018) que je trouve très élégante !

La malle Aéro en toile Monogram (1920) :

La malle-armoire double penderie en cuir de crocodile (1936) :

La malle qui permet d’y ranger le nécessaire de toilette ayant appartenu à Jeanne Lanvin (1926) :

Au fil des ans, la maison a proposé la personnalisation de ses bagages comme ici la malle Miss France ornée d’un drapeau tricolore (1927) :

La malle réalisée pour le mariage du Prince Harry & de Meghan Markle (2018) :

La malle « Studio in a trunk » en toile Monogram (2014), imaginée par Cindy Sherman créée à l’occasion des 150 ans de la marque :

La malle-fleurs (2015) : dès 1910, la maison crée cette petite malle pour  remercier leurs plus fidèles clients. L’intérieur est isolé de l’eau et de l’humidité par un bac en zinc. Charmant, non ?!

La malle pour les ballons officiels de coupes du Monde (2018) :

La malle qui accueille le trophée Web Ellis pour la coupe du monde de Rugby (2015) :

Le sac Noé (1980 à droite, 2018 à gauche) : le sac seau emblématique de la marque. Il était à l’origine prévu pour y transporter 4 bouteilles de champagne debout et la 5ème tête en bas !

Un autre sac, icône de la maison : le sac Capucines en cuir Taurillon (2013) : il fait par exemple partie des indispensables de la garde-robe de notre première dame, Brigitte Macron !

Le sac Twist en cuir Epi Aztèque (2015-2016) avec l’ingénieux fermoir quart-de-tour avec le L qui se transforme en V d’un simple geste.

Le sac Faux-cul créé à l’occasion du centenaire de la toile Monogram, en collaboration avec Vivienne Westwood (1996) :

Nicolas Ghesquière, l’actuel directeur artistique des collections Femme, a créé cette toute petite malle « ou comment transposer la malle, symbole absolu de la Maison » (2016) :

Vous l’aurez compris, ces sacs/malles ont été conçus pour tout protéger et tout transporter : des objets du quotidien comme des objets couteux, fragiles et précieux. Ce qui m’a réellement frappée c’est que la marque à tout du long fait preuve d’une sacrée créativité et d’une folle inventivité ! Regardez par exemple cette malle-douche à énergie solaire (2004) qui n’était hélas pas exposée. Quelle ingéniosité, moi je trouve ça absolument hallucinant !

Je n’ai pas lu le cartel, mais il me semble bien qu’il s’agit ici d’une malle-télévision :

Mon seul regret, c’est de ne pas avoir pu visiter les ateliers. On peut néanmoins les apercevoir à travers ces reportages vidéo que je vous invite vivement à regarder :
> Ateliers visites with Loïc Pringent
> Les Ateliers de Louis Vuitton – Reportage – Visites privées
> LOUIS VUITTON : les secrets d’un génie de luxe