Je voulais me coudre une tenue d’intérieure élégante, légère, soyeuse et confortable… La voici !
L’idée m’est venue à la suite du visionnage de la vidéo d’Anne alias Un chas un chas dédiée à la couture de vêtements d’intérieurs. Elle en parle également dans cet article de blog.
Ensuite, j’ai décidé que j’allais m’inspirer des pyjamas de notre iconique Coco Chanel qui avait su en son temps démocratiser, populariser le pyjama et en faire une pièce incontournable, chic et tendance. Pour la petite histoire, il faut savoir qu’à la base, le pyjama était un vêtement de jour avant de devenir un vêtement de nuit. Il a été inventé en Inde au XVIIIe siècle sous le nom de « pajama » ce qui, en hindi, signifie « habillant les jambes ». Ce concept est ensuite exporté en Europe puis aux États-Unis avant d’être repris par Gabrielle Chanel dans les années 1920. Elle lance alors la mode du pyjama porté par les femmes en version « habit de plage ». Ce vêtement fait alors sensation dans les stations balnéaires huppées de l’époque. Pour en savoir plus, je vous invite à lire cet article.
Après la p’tite histoire, voici la p’tite anecdote (déjà racontée dans un autre article…) : mon mari et moi avons participé au tournage du film Coco avant Chanel, réalisé en 2009 par Anne Fontaine avec dans le rôle principal Audrey Tautou. Sur l’affiche du film, on voit le pyjama qui m’a fortement inspirée pour ma réalisation !
Et me voici dans une pause similaire : photo prise au réveil (ce qui explique la petite mine) dans un lit qui n’est pas le mien (arrière plan artificiel) :
Nous faisions partie de la catégorie « figuration danseurs » et avons donc eu le privilège de valser aux côtés de cette actrice et de son partenaire à l’occasion d’une grande scène de bal. Comme il s’agissait d’une scène historique, nous avons donc tous été habillés en conséquence comme vous pouvez le voir sur les photos ci-dessous !
Mon mari (qui a dû faire se faire pousser la moustache pour le film) porte un frac et quant à moi une robe longue corsetée. Je suis impressionnée de ce qu’ils ont réussi à faire avec mes cheveux qui sont à la base très fins et tout raplapla… Je peux vous dire qu’à la fin de la journée, je ne supportais plus ce corset et je comprends donc tout à fait aisément la volonté de G. Chanel de sortir les femmes de tout ce carcan… C’est d’ailleurs tout le propos de la scène que nous avons tournée : nous sommes toutes engoncées dans nos robes longues corsetées alors que Gabrielle Chanel arrive dans une tenue qui dénote complètement, puisqu’elle porte une petite robe noire légèrement cintrée à la taille mais sans corset et qui plus est qui arrive mi-mollet ! C’était à l’époque totalement indécent ! Du soulier, au maquillage, en passant par la coiffure et les accessoires, tout a été judicieusement pensé jusque dans les moindres détails. Ce film a d’ailleurs remporté le César des meilleurs costumes ! Je vous laisse avec quelques photos prises sur le lieu de tournage : nous étions au château de Baronville (près de Chartres). Une expérience hyper enrichissante que nous ne sommes pas prêts d’oublier !
Silence, attention moteur, ça tourne !
Pour en revenir au patron du jour, j’ai directement jeté mon dévolu sur un patron Burda que j’avais dans mon stock depuis bien longtemps puisque le magazine date de janvier 2017, soit il y a plus de 7 ans ! Je n’avais en effet pas envie d’acheter un énième patron alors que celui-ci correspondait parfaitement à mes attentes…
Au départ, j’avais en tête de m’acheter le patron de pyjama Carolyn de Closet Core Patterns mais grâce à Burda, j’ai pu économiser 16$ !
Il s’agit donc du modèle n°110 pour le pantalon et du n°111 pour la veste.
Commençons par la veste dont voici la description du modèle par Burda : « Comme les ensembles chinois des années 80, le pyjama est à nouveau de sortie cet hiver ! On choisit une étoffe intéressante et le tour est joué ! La veste est finement passepoilée comme la classique, et peut se porter sur un jean ou un legging en cuir si on ne veut pas faire le total-look. » J’ajouterai que la veste se ferme au milieu devant par des boutons, qu’elle est pourvue d’un col tailleur simplifié et de trois poches plaquées. Au dos, deux plis sont formés sous un empiècement dos qui se prolonge sur le devant de la veste. Les manches sont longues et finies elles-aussi par des empiècements. Le tout habilement saupoudré de passepoil !
Voici le schéma technique :
Si vous n’avez pas le magazine, sachez que vous pouvez acheter ce patron au format PDF sur le site de Burda.
Côté modifications, j’en ai fait très peu : je n’ai cousu qu’une seule poche et qui plus est rectangulaire plutôt qu’arrondie et j’ai doublé l’empiècement dos. Autre point, pour les empiècements du bas des manches, j’ai mis la pièce au pli pour éviter d’avoir une couture supplémentaire.
Côté tissu, j’ai opté pour ce satin jacquard acheté 3€/m chez Stop tissus (Paris, M° Couronnes). Bien que ce tissus soit fin, fluide & glissant, je n’ai pas souhaité l’amidonner. Y’a pas de secrets, c’est de cette façon qu’on finit par apprivoiser ce genre de matière que ce soit lors de la découpe ou lors de la couture.
Côté tailles, ce patron est proposé de la taille 36 à 44. Comme d’habitude, j’ai cousu ma version intégralement en taille 36. Le modèle se veut plutôt ample mais comme il s’agit d’une veste de pyjama, ça me convient très bien ainsi.
Côté difficulté, Burda indique un niveau 3/4 (nécessite des connaissances en couture approfondie). Perso, je n’ai pas du tout trouvé ce modèle difficile à coudre. A mon sens, le plus compliqué à gérer c’est la pose du passepoil au niveau du col tailleur. Je précise d’ailleurs que c’est davantage un col chemisier qu’un col tailleur car la finition proposée est une parementure : il n’y a donc aucune incrustations à réaliser. Dans le magazine, ce patron est proposé avec un cours illustré, ce qui aide grandement à la compréhension de chaque étape pour celles et ceux qui seraient un peu perdus… Perso, je n’ai pas suivi fidèlement les instructions, j’ai cousu ce pyjama à ma sauce !
Voici la veste à plat :
Tout le charme de ce modèle réside au niveau du col :
Les bords sont arrondis et soulignés d’un passepoil noir argenté :
C’est à mon sens le détail technique de ce patron :
En fait, la difficulté réside au niveau de la jonction des deux passepoils…
Côté extérieur :
Côté intérieur :
Concrètement, il faut venir juxtaposer le second passepoil juste à côté de celui du col en veillant à bien mettre l’extrémité du passepoil en angle droit :
Une fois la pose du passepoil faite, on coud par-dessus la parementure et voici le résultat sur l’intérieur :
L’extrémité de la parementure est repliée puis cousue à la main sur la couture d’épaule :
Pour la finition du col intérieur, j’ai simplement surfilé les bords alors que Burda préconise de remplier le dessus de col et de le coudre à la main sur la couture d’assemblage… C’est vrai que ça aurait été plus joli…
Les manches sont longues et finies par des empiècements qui sont eux aussi soulignés de passepoil :
J’ai positionné le raccord de passepoil au niveau des coutures d’assemblage mais ce n’est pas forcément une bonne idée au regard des épaisseurs…
Sur l’envers, voici ce qu’on obtient :
Pour effectuer un raccord de passepoil, il y a plusieurs tutos sur la toile. Perso, j’ai suivi celui-ci.
J’ai cousu la poche poitrine mais pas les deux autres tout simplement par manque de passepoil… C’est un peu dommage, j’avoue… Je les ajouterai peut-être si je retrouve un jour ce passepoil argenté… Les pièces sont prêtes et coupées dans le tissu, y’à plus qu’à !
Le haut de la poche est doublé, ce qui permet une jolie finition. Si c’était à refaire, je doublerais intégralement la poche.
La veste se ferme au milieu devant par des boutons/boutonnières.
J’ai opté pour ce que j’avais en stock, à savoir des boutons pressions.
Côté parementure :
Je précise que j’ai entoilé la parementure (et toutes les autres pièces du patron qui le nécessitaient) dans un entoilage thermocollant fin sur base maille. Il permet ainsi de renforcer les parties qui le nécessitent tout en respectant la nature et la souplesse du tissu.
Voici le bas de la veste avec la gestion de l’ourlet et de la parementure :
J’ai piqué l’ourlet de 4 cm en place (Burda prévoit de faire une couture invisible à la main) :
Comme vous pouvez le voir, j’ai opté pour un surfil en ce qui concerne la finition des bords.
Pour ce qui est du dos, il y a un empiècement et des plis sous celui-ci. Là encore, j’ai ajouté du passepoil pour souligner cette démarcation.
C’est un empiècement qui se prolonge sur le devant. Hélas, je n’avais plus de passepoil pour le souligner…
J’ai doublé cet empiècement car j’avais suffisamment de tissu pour le faire et je trouve ça ainsi plus joli sur l’intérieur :
Voilà pour cette veste de Pyjama !
Parlons à présent du pantalon n°110 dont voici la description du modèle par Burda : « Ultra confortable et fluide à souhait, le large pantalon de pyjama arbore une ampleur généreuse et garantit une liberté de mouvement idéale pour le dance-floor. Surtout qu’il est juste élastiqué à la taille avec des passepoils soignés à l’ourlet. »
Version ville :
Version short :
Voici le schéma technique :
Si vous n’avez pas le magazine, sachez que vous pouvez acheter ce patron au format PDF sur le site de Burda.
Côté tailles, ce patron est proposé de la taille 36 à 44. J’ai cousu ma version intégralement en taille 38 alors que je fais plutôt un 40. Par contre, pour la ceinture élastiquée, j’ai pris une longueur d’élastiques qui correspond à la taille 36.
Ce n’est pas le pantalon le plus seyant de la terre j’en conviens mais pour un bas de pyjama c’est parfait !
Côté modifications, je n’ai pas mis de poche au dos et j’ai dû raccourcir le pantalon de 8 cm. Team long buste & courtes pattes, levez la main… A noter qu’il n’y a pas de poches italiennes au devant, c’est peut-être ce qui manquerait à ce modèle…
Côté difficulté, Burda indique là aussi un niveau 3/4 alors que c’est un pantalon vraiment facile à coudre. C’est sûrement en raison de la poche passepoilée du dos…
La ceinture est élastiquée, ce qui rend le port de ce pantalon fort confortable.
J’aime bien le fait que le milieu devant soit plat, je trouve ainsi ça plus esthétique.
De plus près :
Le principe de cette ceinture est simple car on forme des coulisses dans lesquelles passent trois élastiques. Pour réaliser cette ceinture élastiquée, je n’ai pas suivi les instructions proposées par Burda. Voici comment je m’y suis prise :
Après avoir assemblé les pièces [a] (milieu ceinture) et [b] (ceinture) ensemble puis ouvert les couture au fer, j’ai obtenu un grand tube que j’ai ensuite plié en deux envers contre envers. J’ai ensuite réalisé les coulisses en piquant deux lignes : la première à 2 cm du bord plié et la seconde à 2 cm de cette même piqûre. Voici ce qu’on obtient :
Je précise qu’on commence et qu’on finit les lignes de surpiqûres au niveau de la couture d’assemblage verticale :
Il faut ensuite insérer le premier élastique dans la première coulisse. Idem avec le 2ème.
J’ai sécurisé les extrémités des élastiques par des épingles à nourrice :
Ensuite, j’ai épinglé cette ceinture au haut du pantalon puis j’ai cousu tout le tour sauf sur une bonne partie du bord inférieur de la pièce [a] qui est le milieu de la ceinture.
Cette ouverture permet ainsi d’insérer le 3ème élastique dans la coulisse qu’on vient de former :
Une fois que c’est fait, je suis venue piquer dans le sillon de la couture d’assemblage afin de fixer définitivement les élastiques. A noter que j’ai laissé dépasser les élastiques de 1 cm de cette couture afin qu’ils soient bien pris et qu’ils ne se fassent pas ensuite la malle…
J’ai piqué deux fois dans le sillon, histoire de bien sécuriser le tout…
Il ne reste plus ensuite qu’à piquer le bord inférieur de la ceinture devant qu’on avait laissée ouvert :
On presse ensuite au fer les marges de coutures vers le bas et voici ce que ça donne sur l’envers une fois les bords surfilés :
Le devant :
Le dos :
Deux plis plats apportent de l’aisance aux jambes du pantalon. J’aime également bien ce détail.
Le bas du pantalon est fini par un empiècement souligné de passepoil, en rappel à ceux des manches.
Côté envers, voici ce que ça donne :
Là encore, j’ai positionné le raccord de passepoil au niveau de la couture d’assemblage…
Voilà pour ce pyjama qui rejoint ma valise de vacances. Vive les week-ends à pont !
Agnes a dit:
Que d’informations intéressantes et inspirantes !! Du fond de ma chaise longue, j’ai « dégusté » cet article de blog comme un bon vin !!!
Agnes
anneperrenoude417339966 a dit:
Quel bel article, si complet, avec vos photos et vos explications, j’admire votre travail de couture et de publication si documentée ! Ça m’a donné envie de le coudre! Merci! … et vous dire aussi que vous êtes magnifiques, tous les deux en danseurs! 🤗
Maredo a dit:
Oh mais quelle allure superbe vous avez vous et votre mari ! Vous êtes magnifiques .Et surprise, une couleur autre le noir et le gris vous va vraiment bien ! Et toujours aussi passionnante la présentation de votre travail. Merci du partage.
Chantal Sambourg a dit:
Bravo ! Merci pour le partage !c’est vrai très sympa à vous ! Ch
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aneso_milady a dit:
Merci pour cet article, toujours aussi précis. Je crois que je vais me lancer ! Vous m’avez convaincu !
Et le résultat est très réussi.
Cécile a dit:
très élégante Gabrielle! Merci pour les indications sur le montage de la ceinture, ça me sera bien utile
couturelututu a dit:
… Il me semble l’avoir déjà écrit quand tu avais posté l’article sur le film, mais je le redis : ton mari et toi êtes superbes, très classe ! Quel beau couple !
Fourmi