J’ai longtemps retardé la rédaction de cet article… Et puis je crois que le moment est venu, au regard du contexte sanitaire actuel et de cet acte II du confinement, de revenir sur ce printemps 2020 quelque peu particulier et inédit qui nous a tous plongé dans une sorte de faille spatio-temporelle… 

Durant cette période, je me suis réfugiée dans la couture. J’ai donc beaucoup plus cousu que d’habitude tout du moins au début… Je me suis en effet vite rendu compte qu’il fallait que je me calme un peu puisque mon stock de tissus fondait à vue d’œil et qu’il n’était à l’époque pas possible d’acheter du tissu que ce soit en boutique physique ou en boutique en ligne… Il a donc fallu que j’envisage différemment mes séances couture et c’est donc tout naturellement que je me suis dit qu’il fallait que je couse des projets de longue haleine qui demandent du temps et de la concentration… j’ai ainsi cousu le manteau Ernest de République du Chiffon, une veste Lekala aux multiples découpes, une tunique polo Burda, le cardigan Icône d’Atelier Scammit, ma veste Tempo toujours d’Atelier Scammit… Bref, des cousettes que je suis vraiment contente d’avoir pris le temps et le plaisir de coudre ! J’ai aussi tourné des podcasts supplémentaires avec notamment la présentation de ma pièce couture :

 
Mais aussi mes premiers achats tissu sur le site DriessenStoffen. Moi qui n’achète quasiment jamais en ligne, j’étais donc contente de franchir le pas !

Et puis, évidemment, comme beaucoup, je me suis mise aussi à coudre des masques et des sur-blouses…
Tout a commencé par une collecte dans notre immeuble : tissus, draps, fils, aiguilles, élastiques mais aussi gâteaux pour l’association SOS tissu qui voulait venir à l’origine en aide à l’hôpital Avicenne de Bobigny qui faisait face à une pénurie de sur-blouses. Cette action s’est ensuite étendue aux soignants du 93 et de Paris (hôpitaux, EPHAD…). Nous avons été nombreux dans notre immeuble à participer à cette opération et je peux vous dire que cette chaine de solidarité a fait drôlement chaud au cœur !

Pour ma part, j’ai donné draps, couettes, taies d’oreiller, gâteaux mais aussi tout mon stock coloré de fils. Moi qui ne couds quasi exclusivement que du foncé, je ne voyais effectivement pas l’intérêt de garder tout cela… je leur ai également donné des masques que j’ai cousus dans mes chutes de tissu.

Je me suis intéressée à cette association et je me suis rendu compte qu’elle était à la recherche de couturières pour coudre des sur-blouses. Habitant dans le 94 et non à Montreuil ni à Paris, j’ai tout de même envoyé ma « candidature » et la réponse ne s’est pas faite attendre : en moins de 30 mn tout était réglé et l’aventure (quelque peu particulière) pouvait commencer !

Le fonctionnement était simple, il fallait indiquer le nombre de kit (1 kit = 5 sur-blouses) qu’on voulait coudre (j’en ai pris trois) puis un bénévole (à vélo !!!) venait nous déposer à domicile des sacs poubelles contenant les kits en question, à savoir des draps et des couettes.
Ci-dessous quelques photos prises par SOS Tissu lors d’une remise de sur-blouses à l’hôpital Lariboisière avec les fameux vélos :

Idem pour le retour : une fois les blouses cousues, quelqu’un venait récupérer les sacs. Il fallait tout de même respecter quelques règles au regard de la situation sanitaire :
– Distance avec le livreur lors du dépôt du kit et de la collecte des sur-blouses
– Mettre les draps à laver à 60 degrés avant manipulation
– Jeter le sac contenant
– Bien se laver les mains après manipulation des draps non lavés et du sac.

Une fois le linge lavé et sec, il a fallu repasser tout cela et je dois bien avouer que ça n’a pas été une étape des plus réjouissantes…

En amont, j’avais reçu par mail les infos relatives au patron de sur-blouse qu’il fallait dessiner nous-mêmes selon les indications données et dont voici le schéma technique :

Il s’agit d’une sur-blouse ouverte au dos, qui se ferme par des liens à nouer au niveau de la nuque et de la taille. Les manches sont longues et le bas est élastiqué. Le patron est très basique puisqu’on part de simples rectangles :

En terme de niveau, je dirais que c’est prévu pour des débutants « motivés » : l’assemblage est simple en soit, les finitions aussi même si ça demande tout de même un peu de minutie si on veut quelque chose de correct sur l’endroit comme sur l’envers. Je pense notamment au biais qu’on pose à cheval sur l’encolure : perso, c’est une de mes bêtes noires en couture…

Pour la pose du biais à cheval, j’ai utilisé la méthode qu’on utilise habituellement. Si vous en connaissez une autre, je suis preneuse !

J’ai un peu adapté le patron et les explications pour que ce soit plus cohérent et plus facile à coudre pour moi. J’ai modifié par exemple la longueur des épaules devant et dos, pour que celle-ci corresponde bien. J’ai revu les dimensions du biais à l’encolure, histoire d’avoir des marges de couture de 1 cm au lieu de 0,5cm. Idem pour la bande qui fait office de ceinture. Du coup, plutôt que de coudre la bande endroit contre endroit puis de la retourner sur l’endroit, j’ai préféré coudre une bande comme si c’était un biais (d’où les surpiqûres tout du long).

Deux tailles de blouses étaient proposées : M ou L. J’ai opté pour la taille L pour toutes les blouses que j’ai faites.

J’ai d’abord cousu les blouses à l’unité mais je me suis vite rendu compte que pour gagner en efficacité, il fallait plutôt couper et coudre en série. Y’a pas à dire, coudre à la chaine, c’est certes très répétitif et ennuyant mais c’est un gain de temps non négligeable !

Une blouse coupée :

3 blouses coupées :

6 blouses coupées :

J’ai utilisé la machine à coudre pour l’assemblage et la surjeteuse pour la finition des bords. Comme il s’agit ici de coudre de grandes longueurs droites, je peux vous dire que j’ai appuyé à fond sur la pédale ! Pour bien guider et faciliter le placement du tissu sous le pied de biche, j’ai utilisé un gant de patchwork pour la main gauche et c’était nickel car ça entrainait mieux le tissu et me donnait moins mal au dos et aux bras.

Le milieu dos de la blouse est fini par une parementure à même (comme un ourlet donc) que je suis venue surpiquer avec l’ourlet du bas de la blouse en une seule étape.

Le bas des manches est élastiqué : c’est un simple ourlet surjeté piqué de 1,5cm dans lequel on insère un élastique. J’ai fait comme j’ai pu pour les élastiques car c’était, à cette époque-là, la pénurie…

Sur l’envers :

Puisqu’on est sur l’envers, restons-y ! Ci-dessous la couture des manches (pas si faciles que ça à assembler au niveau du dessous de bras car le corps est un rectangle…). Du coup, il fallait coudre les manches à plat comme pour du jersey.

La ceinture est une grande bande qu’on vient surpiquer au devant de la blouse selon les repères indiqués sur le patronage. Pour renforcer le centre de la ceinture, j’ai surpiqué en forme de croix.

Je ne l’ai cependant pas fait sur toutes… 

Pour les ourlets, j’ai fait un simple ourlet surjeté piqué. J’ai aussi, pour certaines, utilisé les ourlets existants des draps/couettes, ce qui fut un gain de temps fort appréciable…

Bref, j’ai ainsi cousu au total 16 sur-blouses : du blanc, du coloré, du rose, du jaune… Moi qui ne couds quasi que du noir ou du gris, j’étais servie !!!

Je suis ravie d’avoir pu aider comme j’ai pu cette association. Nous étions en confinement, j’avais du temps et surtout l’envie d’aider d’une manière ou d’une autre, de me sentir un peu « utile »…

Ensuite, j’ai été sollicitée sur Instagram pour participer à une vidéo collaborative entre podcasteuses (couture, tricot, broderie…) pour partager un peu de bonne humeur et de joie de vivre dans ces moments très particuliers que furent ceux du déconfinement. J’ai évidemment de suite accepté et je me suis ainsi amusée à tourner une vidéo quelque peu décalée (ma séquence dure 20 secondes, c’est hyper court mais c’était la consigne…) :

J’en ai même fait un petit bêtisier, tellement on a ri avec mon mari… Le ridicule ne tuant pas… si ça vous dit, c’est à la fin du podcast n°44 (ça commence à 1h34) :

Parlons à présent des masques… Ce fut un sujet tellement polémique… oh la la ! J’ai cousu mon premier masque à la mi-mars grâce au tuto vidéo lancé par Elsa alias Urban Fairy, l’un des premiers masques proposés gracieusement sur la toile.

Ensuite, la norme AFNOR a proposé un patron de masque homologué, sans coutures sagittales (nez, bouche, menton). J’ai de suite suivi la méthode absolument extra de Rachel alias @les.ateliers.de.rachel.lajoie qui proposait de coudre des masques de façon industrielle. En terme d’efficacité et de gain de temps, y’a pas à dire, c’est vraiment le top du top ! Elle a fait plusieurs vidéos : une dédiée à la coupe du tissu et une seconde dédiée à la couture du masque :

L’occasion pour moi de coudre des masques dans mes chutes de tissus comme par exemple celui-ci (les élastiques viennent se positionner derrière la tête) :

Si vous ne connaissez pas Rachel, foncez voir son compte Instagram, c’est une couturière professionnelle qui partage généreusement avec nous ses secrets de fabrication et autres conseils couturesques. Perso, je suis littéralement fan ! Je n’ai pas encore testé sa technique de pose de biais sur une encolure en V mais ça ne saurait tarder !

En ce qui concerne les élastiques, il ne me restait que de la laminette en caoutchouc qu’on utilise normalement pour les maillots de bain. J’avais acheté par erreur 40 mètres de cet élastique au lieu de 4m… Bref, j’avais de quoi faire même si, il faut bien le dire, ces élastiques ne sont pas adaptés car le caoutchouc peut créer des allergies sur la peau… Mais bon… comme on dit : on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a (surtout durant cette période de pénurie) !

Ensuite, je me suis mise à coudre des masques selon le tuto de Davis Dharites et c’est aujourd’hui celui que je continue à coudre et à porter car je le trouve bien plus confortable que celui de l’AFNOR. Par contre, il est effectivement un peu plus long à coudre mais on ne peut pas tout avoir… j’en ai cousu pas mal notamment dans les chutes de draps données par SOS tissu.

Ci-dessous, je suis dans la looooooooooooogue file d’attente pour aller faire les courses au tout début du déconfinement. Je fais peur, non ?! Je porte ici ma veste Joy de Chalk and Notch que j’adore porter !

Ce patron de masque, je l’ai cousu grâce à Joannie L. qui en a parlé dans l’un de ses podcasts couture. Si vous ne connaissez pas sa chaine YouTube, foncez car elle parle de sa garde-robe cousue main et de celle de ses enfants avec enthousiasme. Elle aborde notamment la couture sur un plan technique, ce que j’apprécie grandement. Pour info, Joannie est dans la « vraie vie » médecin (néphrologue) au Canada.

Ce patron de masque existe en trois tailles. Pour choisir la bonne taille, il convient de mesurer la dimension entre le bout du nez et le menton. J’ai ainsi cousu la taille L pour mon mari et la taille M pour moi. J’ai également cousu la taille S pour mes nièces et c’est la bonne taille je trouve pour les adolescents (tout dépend aussi de la forme du visage… à tester donc !). Ci-dessous, ce sont ceux pour mon mari :

En terme d’élastique, là encore, j’ai fait avec ce que j’avais dans mon stock… j’ai ensuite acheté cette très grosse bobine d’élastique rond avec un diamètre bien plus cohérent pour les oreilles (15€ Boutonnerie Saint-Denis). Par contre, côté confort, ce n’est pas top, à la fin de la journée, on est vraiment content de retirer son masque…

Et puis, il y a quelques semaines, j’ai acheté sur Amazon des élastiques ronds adaptés à la confection de masques. 7,99€ les 50 mètres, c’est vraiment pas cher mais c’est aussi du « made in China »… Curieusement, le prix affiché est aujourd’hui de 2,57€, ce qui est tout de même très bizarre (attention à la durée d’expédition…) En tout cas, j’en suis pour l’instant hyper contente : ils sont doux au toucher et bien extensibles. Y’a pas à dire, c’est bien plus agréable à porter que tous les autres élastiques. A voir maintenant si ça dure dans le temps au fil des lavages… ce qui est moins sûr…

Voilà, je ferme la parenthèse de ce moment de vie spécifique à la couture : un petit bilan couturesque que je suis finalement contente d’avoir rédigé et partagé avec vous ! Courage à vous tous pour les semaines à venir et à bientôt pour d’autres articles bien plus créatifs et réjouissants…